Ce scooter est produit à
Taiwan et celui-ci est passé par l'Allemagne où il est vendu 2800
euros. La commercialisation sur France est lancée depuis peu par une
entreprise de Saint Quentin que vous retrouverez sur la page
Scooters.
Petit par son gabarit, la finition est
moyenne et le look classique mais il bénéficie d'un bon niveau
d'équipement:
- Deux béquilles: latérale ET centrale.
- Un rappel des clignotants par bouton très pratique.
Rien d'inhabituel dans les commandes dont l'ergonomie est excellente.
Pas de totalisateur partiel de kilomètre, dommage.
Ce deux roues électrique dispose de deux modes de conduite:
- position E permet une vitesse et accélération limitées.
- position P permet les performances maximum.
Vous noterez l'espace de rangement,
très pratique mais attention à la pluie...et la finesse du scooter en
évidence sur cette photo.
- Freins à disque à l'avant ET à l'arrière.
Passons maintenant au moteur de ce scooter qui lui
donne une spécificité technique intéressante: c'est un moteur roue !
En effet, avec un moteur électrique "classique" le
concepteur doit jongler avec un système de transmission de l'énergie
mécanique à la roue, une diminution de la place pour les batteries
liée...à la fixation et à l'encombrement du moteur dans le châssis,
les inévitables calculs de rapport de transmission, le poids de tout
cela...
Le moteur roue est un concept plus simple, en
apparence tout du moins car il s'agit d'intégrer le moteur électrique
dans la jante ! Les avantages sont évidents mais les contraintes
importantes:
- La
conception: il s'agit de transmettre une énergie mécanique à la roue
tout en faisant partie de celle-ci.
- Le
poids dit "non suspendu" augmente entraînant des réactions plus sèches
aux inégalités de la route.
- La
puissance est directement liée à la taille du moteur et donc limitée
par le diamètre de la roue.
- Le
développement et l'adaptation du moteur à un cahier des charges
(vitesse, couple à la roue) est plus difficile.
Ce moteur de 1,5kw est commuté par balais et
fonctionne en courant continu sous une tension de 48V.
Il est commandé par l'électronique de puissance,
fixée sur le coté droit, dont on n'aperçoit que l'imposant radiateur.
L'énergie disponible provient de
batteries plomb, type électrolyte gélifiée qui sont protégées par
l'électronique.
Ces batteries, au nombre de quatre, mentionnent une capacité de 50Ah
sous 12V et pèsent 60kgs !!!
Contrairement à l'évidence, cela ne
signifie pas qu'elles peuvent fournir 50A pendant une heure.
En effet, sur une batterie plomb l'énergie est indiqué à un taux de
décharge de (Capacité = C ) /20, standard international.
Cela signifie qu'en débitant un courant de C/20 soit 50/20 soit 2,5Ah,
on obtiendrait de cette batterie 20heures de réserve d'énergie
mais...un courant de décharge plus important fera baisser l'énergie
totale disponible et il sera alors impossible d'obtenir 1 heure de
fonctionnement comme la logique le voudrait.
C'est ce qu'on appelle le facteur de perte dit "effet Peukert".
Ce scooter électrique peut consommer
jusqu'à 120Ah (limité par l'électronique) ce qui est très loin de
C/20, aussi la capacité à un taux de décharge de C/1 est plus
réaliste: le constructeur de la batterie indique sur sa
documentation une réserve
d'énergie de 33,5Ah jusqu'à 9,6V.
On retire le cache de protection qui
fait office de mini rangement (ne comptez pas y mettre autre chose que
des gants et une combinaison de pluie parfaitement pliée)
Les batteries sont alors empilées deux
par deux sous la selle:
Pour les charger vous disposez d'un
chargeur extérieur (dommage) qui est heureusement logeable au
centimètre près sous la selle, au détriment de la place
disponible...qui n'a manifestement pas été prévue pour cet usage.
Ce modèle de la première heure a été remplacé par un
nouveau plus perfectionné (profil de charge adapté à un usage cyclique
des batteries) qui devrait améliorer la longévité de celle-ci...à
voir.
Son utilisation reste très simple on branche la prise sur le secteur,
le connecteur sur son homologue coté scooter et lorsque le dernier
voyant indique batterie pleine c'est chargé ! durée: environs 4H30.
Il dispose d'une fonction charge d'entretien (floating) vous
permettant de l'oublier branché sans risque pour les batteries.
Voilà pour les détails statiques,
passons aux essais:
Ils se sont déroulés par beau temps
uniquement, pas que j'ai peur de l'eau mais météo France n'a pas voulu
me programmer de pluie en ce mois d'août...caniculaire.
Pour obtenir le maximum d'autonomie, les batteries ont été cyclées
(charge/décharge) plusieurs fois et le scooter testé 1 heure après la
fin de charge.
Prise en main:
Un tour de clé, la jauge allume ses LED
(diodes lumineuses) une à une, de gauche à droite, pour se maintenir
sur celle qui indique l'énergie restante.
Je choisis le mode P pour performance
et mets les gaz en grand sur une route plane, l'accélération franche
et très linéaire du moteur me propulse à 60km/h maximum au compteur
(le véhicule suiveur indique 55km/h). Le passage en mode E
(économique) fait descendre l'allure à 50km/h compteur avec une
reprise nettement plus lente. Ces deux modes rappellent ceux du
Scoot'elec (V1 et V2), le mode éco apportant un réel gain d'autonomie
que nous détaillerons plus loin.
Voici une vidéo montrant le passage
d'un mode à l'autre.
1,13Mo soit 3mn de téléchargement avec un modem classique
Il vous faut le codec Divx téléchargeable
ici
La position de
conduite est confortable mais inhabituelle car le guidon est très bas,
rassurez-vous il faut peu de temps pour s'adapter. La maniabilité est
bonne, le rayon de braquage aussi, pas de soucis en roulant hormis
l'appréhension des inégalités de la route.
En effet, en raison de ses petits pneus sur gonflés ( 3.00 X 10
pouces) et peut-être aussi du moteur roue, ce scooter relie
directement vos bras et votre colonne vertébrale au bitume.
C'est un scooter à petites roues et ce relatif inconfort est la raison
du passage à 12 pouces voir plus sur les derniers modèles thermiques,
bref çà rappelle le scoot'elec mais on
apprend vite à contourner les pièges de nos routes.
Comme son rival et tous les scooters de ce gabarit, la protection du
haut du corps est inexistante et les gros rouleurs adapteront vite un
pare-brise voir un protège jambes...
Le scooter monte de fortes pentes sans problème mais l'autonomie chute
alors rapidement.
Le freinage est impressionnant, çà freine très fort et sans jamais
faiblir prouvant, s'il était encore besoin de le faire, la supériorité
du frein à disque.
On enchaîne les " pif paf " avec une
prise d'angle facile et sure. L'accélération surprend même quelques
automobilistes et d'autres deux roues qui traînent alors leur regard
sur ce scooter silencieux.
L'autonomie diminuant, la réserve se
manifeste par une LED orange et un bip régulier. Lorsque la LED rouge
s'allume, Mr bip va plus vite, signe qu'il va falloir pousser. Après
quelques derniers bip bip bip tout s'arrête; un aller-retour de clef
et vous êtes alors repartis pour quelques kilomètres.
En fait, avec l'habitude, on jongle avec la poignée des gaz...pardon
watt:
moins de rotation et la jauge revient dans le vert évitant l'arrêt
immédiat avec l'obligation de remettre le contact.
L'explication:
l'indicateur d'énergie disponible est couplé à un système de
surveillance de la tension des batteries qui stoppe le véhicule en
dessous du seuil critique. Le fait d'arrêter de consommer du courant
fait remonter la tension (comme des vases communicants) et vous permet
de repartir un nombre limité de fois à allure réduite.
Alors des batteries plomb oui mais
l'autonomie ?
Et bien c'est une bonne surprise,
quelque soit le mode choisi, vitesse et autonomie sont supérieures au
Peugeot !
Ainsi sur parcours routier avec une allure moyenne de 50km/h,
l'autonomie est de 54km avant que la réserve puis l'arrêt du scooter
ne soit obligatoire.
En parcours fortement vallonné, l'autonomie obtenue est de 37km
mais la consommation plus forte de courant oblige régulièrement à
passer en mode Eco (en raison de Mr Bip), on s'y fait très vite et
cela devient presque un art que de jongler avec le bouton (sur P en
descente ou plat et E en montée).
En mode Eco, l'EVT a permis de
parcourir 67km sur route et 41km en ville ce qui surclasse une
nouvelle fois le Peugeot !
Alors l'EVT un concurrent sérieux pour
le Peugeot ? et comment !
Points négatifs:
* Les batteries plomb gel
utilisées sur un véhicule électrique ont généralement une vie courte
de l'ordre de 200 cycles soit 10
000km ici ! leur constructeur indique:
- 325 cycles à
100% de décharge
|
- 425 cycles à 80% de décharge
|
- 750 cycles à 50% de décharge |
sans toutefois préciser la tension
finale, primordiale pour évaluer précisément la capacité de cyclage
d'une batterie.
* Leurs performances sont
affectées par le froid (1% de capacité en moins par degré C en dessous
de 20°C) et par leur vieillissement progressif,
* Leur poids est très important.
Points positifs:
* L'EVT4000E est disponible et
fonctionne parfaitement bien.
* Le Scoot'elec a un vrai concurrent puisque qu'il lui est même supérieur
en performance !
* Le coût d'achat des batteries est faible contrairement au Peugeot.
* Il n'y a aucune maintenance sur les batteries.
Conclusion:
L'EVT mérite donc une place de premier choix sur le marché français et
mondial du scooter électrique, reste à voir sa fiabilité, la durée de
vie des batteries et espérer une amélioration constante qui fait tant
défaut au Peugeot, rien en 7 ans
(1996-2003)
L'entreprise qui produit ce scooter
mise aussi sur d'autres modèles (EVT168), prochainement à l'essai,
ainsi que d'autres batteries qui lui permettront, il faut le
souhaiter, de reléguer enfin le scooter thermique au musée des objets
obsolètes.
A bientôt,
Philippe
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